L’article intitulé ainsi est publié dans Le Palamède 1838, page 175. Voici cet article:
L’arrivée à Londres de sir Herschell vient d’être saluée par tout ce que l’Angleterre compte de savants et de navigateurs célèbres. Tout le monde sait que depuis deux ans ce grand astronome, fils de celui qui découvrit la planète à laquelle il donna son nom, était allé au cap de Bonne-Espérance pour observer les magnificences du ciel austral. Cette étude lui a fait reconnaitre que l’autre hémisphère est plus riche que le nôtre en étoiles et surtout en nébuleuses.
Il a aussi porté son attention sur les étoiles doubles, ces intéressants systèmes composés de deux soleils tournants l’un autour de l’autre, si longtemps confondus en un seul, et dont les révolutions ont permis aux astronomes de s’assurer que les lois de la gravitation, découvertes par Newton, réagissent sur ces corps placés à des distances incommensurables comme sur les planètes de notre système. A l’aide de ces mouvements signalés depuis peu dans le ciel, on doit penser que notre soleil n’est lui-même qu’une étoile exécutant en une longue série de siècles sa révolution autour d’une autre avec laquelle il compose une étoile double.
Sir John Herschell a vu des nébuleuses colorées en rouge, en jaune, en vert, etc., il a pu observer les deux seuls satellites d’Uranus, et non six qu’on lui donne souvent, et mesurer leur révolution. Il a suivi les étonnants progrès de l’une des étoiles formant la constellation d’Argus, et dont l’éclat augmente avec une telle rapidité qu’en moins de quatre mois elle a passé de la seconde à la première grandeur.
Il paraitrait que cet accroissement n’a pas une date fort ancienne, car l’étoile dont nous parlons ne se trouve pas dans le catalogue de Ptolémée, qui renferme cependant les constellations de la Croix et du Centaure visibles à Alexandrie. Elle n’existe point non plus sur les cartes de Bayer, et dans le catalogue d’Halley elle ne figure que parmi les étoiles de la quatrième grandeur. L’énorme télescope à miroir dont Herschell s’est servi pour ses observations ne pouvait être employé plus de quatre nuits de suite. Après ce temps, il était nécessaire de le repolir.
Dans le livre que vient de publier M. Herschell, une curiosité vulgaire ne trouvera pas les histoires merveilleuses qu’une revue américaine publia sous le nom d’Herschell il y a trois ans. Les habitants de la lune, ou Sélénites, sont encore un mystère pour l’astronome anglais; il ne les a pas plus aperçus du cap de Bonne-Espérance que des observatoires de l’Europe. Les constructions que le docteur Gruithuysen de Munich disait être leur ouvrage, et qu’il annonçait avoir reconnues en 1824, ont aussi perdu toute leur importance, depuis les nouvelles recherches de M. Madler, professeur à l’Université de Berlin. A l’aide d’un réfracteur de treize pieds qui donne une amplification de cinq à six cents fois avec une netteté parfaite d’images, M. Madler a examiné le point spécial où Gruithuysen avait vu des digues et des fortifications semblables à celles de nos places de guerre. Il a trouvé que ces œuvres artificielles étaient tout simplement de petites montagnes dont la plus élevée n’a que 390 toises de hauteur; les autres ont 150 toises, la plupart sont au-dessous de 100. Elles forment des vallées fermées et égales en grandeur et occupent une étendue de 12,493 lieues de France.
Celte région n’est pas la seule où les rainures se montrent parallèles entre elles; les alentours de Jules César, Aristote, Ukret et Capella prouvent que ces hautes montagnes sont disposées de la même manière. M. Madler se propose de faire usage de la grande lunette de Frauenhofer, que possède l’observatoire de Berlin, pour perfectionner la topographie de la lune; il compte dessiner en une suite de projections les contrées lunaires les plus remarquables, en employant toute la force des grossissements, et étudier les cratères, les crevasses et surtout ces bandes lumineuses qui parcourent sans interruption les montagnes et les plaines.
Cet article est suivi, page 177, d’un article intitulé Magnétisme animal
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